Ces
dernières années nous vivons une accélération sans précédent de l’innovation
dans trois domaines que je choisis de distinguer ici tout en précisant qu’ils
sont fortement interconnectés : le domaine scientifique (méthodes de
recherche et découvertes entre autres), le domaine technologique (robotique,
matériel informatique, objets connectés divers…) et le domaine de la collecte
d’informations généralisée (internet, réseaux sociaux, big data…). Chaque
domaine sert de catalyseur pour les avancées dans les deux autres et leurs
interactions profondes, guidées par les promesses infinies des algorithmes
et de l’Intelligence Artificielle, nous
font entrer dans l’ère du « tout numérique ». Les avancées sont
telles qu’il semble impossible, même pour les meilleurs experts, de
différencier prévisions rationnelles et prophéties relevant du fantasme.
Si
l’on ne veut pas être taxé de rétrograde, de pessimiste ou de
« décliniste » mieux vaut être
un fervent défenseur des nouvelles technologies et de la modernité sous toutes
ses formes. Personne ne peut échapper aux publicités ventant les mérites des
algorithmes censés nous faciliter la vie, des objets connectés qui deviendront
indispensables, de l’intelligence artificielle qui nous ouvrira de nouveaux
horizons… Comment avons-nous fait pour vivre dans l’obscurantisme le plus total
jusqu’à maintenant ?
On
peut noter un profond déséquilibre entre d’un côté la mise en avant, dans les
média, de la vision dominante et de l’autre le traitement souvent minimisé,
dans ces mêmes média, de toute forme de critique. La plupart des journaux
télévisés ont leur rubrique « Geek », les salons et forums
« high tech » se multiplient dans le monde entier, Facebook est
devenu le premier médium d’information et la Silicon Valley passe pour le
nouvel eldorado ; à l’inverse, à moins de faire des recherches
personnelles précises, il est difficile d’entendre la parole des contradicteurs,
leurs discours étant vite assimilés à de la science fiction. Le seul
questionnement à l’origine d’un débat relativement équilibré s’intéresse à
l’évolution du marché du travail et au risque d’un chômage de masse dans un
avenir peut-être pas si lointain.
Au lieu de rêver en voyant les publicités
des dernières avancées des entreprises comme IBM ou Microsoft, je suis plutôt
pris de cauchemars. Que dire de ces articles tous plus effrayants les uns que
les autres : installation de lits connectés dans des résidences
universitaires à Rennes pour prévenir les détériorations ; l’entreprise
belge New Fusion ou l’américaine Three Square Market qui proposent à leurs
salariés l’implantation de puces sous-cutanées pour ouvrir les portes, se
connecter au poste de travail, utiliser la photocopieuse… ; l’utilisation,
par la police de grandes villes américaines, du programme PredPol
(« predictive policing »), un algorithme permettant de prédire la
localisation et la temporalité de certains crimes. Même si vous ne vous
destinez pas au grand banditisme, j’espère que vous avez de bons amis hackers
parce qu’il ne restera plus qu’eux pour vous sauver la mise.
J’ai
bien peur que l’idée de « progressisme » ne soit l’une des plus
grandes fraudes intellectuelles de l’histoire de l’humanité (ou une de ces
belles idées les mieux perverties) avec
le « capitalisme » et le « libéralisme ». Ces trois
concepts associés sans modération (le« technologisme » semble être
une bonne synthèse) créent une bombe à retardement inimaginée, les
considérations financières et l’enrichissement prenant toujours l’ascendant sur
les considérations écologiques. Le compte à rebours est déjà en marche depuis
longtemps mais il s’accélère dangereusement (pathologies liées à nos modes de
vie, réchauffement climatique, catastrophes naturelles plus fréquentes…). Et ce
ne sont pas les déclarations d’intention et les postures de principes lors de
belles campagnes de communication agrémentées de slogans bien sentis qui vont
changer quoi que ce soit. Ces trois champs de pensée, sous couvert de
l’atteinte d’une liberté individuelle absolue nous mènent tout droit vers
l’asservissement volontaire le plus total. Nous risquons d’atteindre très vite
la plus haute expression de la servitude volontaire énoncée par Etienne de La
Boétie au 16ème siècle ("Discours de la servitude volontaire"). Et ne comptons pas sur les « politiques »
pour endiguer le phénomène ; le « progressisme » par exemple,
est la seule idée qui remporte l’assentiment de tous les mouvements et partis ayant pignon sur rue.
Exemple
simple avec l’invention Facebook par l’un des plus grands « technologistes »
actuels Mark Zuckerberg ; comment expliquer rationnellement que des
milliards d’individus acceptent de donner tant d’informations personnelles tout
à fait volontairement. Il a réussi là où la plupart des services de
renseignement mondiaux ont échoué, et, comble du paradoxe, il s’enrichit de manière
indécente au cours de la manoeuvre et son influence dépasse celle des plus
grands organismes de presse.
Des
chercheurs comme Stephen Hawkins ou des entrepreneurs illuminés comme Elon Musk,
loin d’être ignorants dans le domaine, ont été fermement critiqués et raillés
dès lors qu’ils ont osés émettre des doutes face aux dérives potentielles de
l’IA. Cet engouement généralisé me semble démesuré
et tout à fait inquiétant. Il ne s’agit pas de tout rejeter en bloc mais il
serait peut-être nécessaire de s’accorder une petite respiration, un temps de
réflexion avant de se laisser submerger. L’idée de « rupture » est
souvent avancée et valorisée, il ne faudrait pas que ce soit la fin.
Mes motifs d’inquiétude ne portent pas
seulement sur des projections à long terme, je note un certain nombre de
contradictions et de non-sens dans l’utilisation que l’on fait actuellement du matériel
numérique déjà « démocratisé ». Matériel qui me parait concourir
au déclin de notre humanité au quotidien. Nous sommes en train de modifier
notre rapport à nous-mêmes ainsi qu’aux autres, mettant en jeu directement nos
capacités de sociabilisation. Quelques exemples me semblent particulièrement frappants.
Un secteur des plus importants engage
directement notre responsabilité de citoyens et de parents : la santé et
le développement des nourrissons et des enfants en bas-âge. Il existe des initiatives
commerciales pour le moins affligeantes : les « babyphone » qui
sont passés en quelques années du « talkie walkie » basique au
dispositif de surveillance haut de gamme relié par bluetooth ou wifi placé
pendant plusieurs heures au plus près des enfants, de même chez « Happiest baby » vous pouvez
commander pour 1160 dollars un landau connecté qui permet d’endormir votre
nourrisson à votre place et qui est relié directement à votre smartphone ;
ou encore Castorama qui propose un « papier peint connecté qui
raconte des histoires à votre place » en scannant certains motifs à l’aide
d’une tablette ou d’un mobile adapté ; bonne nouvelle, cette invention a
même gagné le concours de création de dispositifs digitaux Adfight. Quid des
gestes d’affection, de l’expression du visage, de la chaleur humaine ? Les
travaux du psychanalyste René Spitz ou de la biologiste Ines Varela Silva ont
montré qu’une part importante des décès de nourrissons placés dans des
orphelinats était dû à une carence affective et sensorielle sévère (aucune
stimulation tactile et aucune marque d’affection). Et nous voudrions, par
manque de précaution, développer ces carences affectives dans nos propres
foyers ?
Dans le même registre, sur le plan
scolaire, comment justifier logiquement qu’il soit recommandé d’intégrer de
plus en plus le numérique à l’école, de la maternelle au baccalauréat ?
(voir le plan numérique pour l’éducation sur le site officiel de l’éducation
nationale : education.gouv.fr) Aucune remise en cause n’est annoncée par
le nouveau gouvernement alors qu’en mai 2017 dans une tribune publiée par le
journal Le Monde un collectif de professionnels tentaient d’alerter l’opinion
publique sur les risques de la surexposition aux écrans (tous types
confondus : tablette, smartphone, ordinateur, console, télévision) pour
les bébés et les jeunes enfants. Sont mis en cause le manque de stimulation de
l’entourage et la captation de l’attention par les appareils, facteurs à l’origine de troubles du
comportement et de retard de développement en l’absence de déficience
neurologique. Au delà de l’aspect médical, comment ne pas voir, avec l’utilisation
de ce type d’ustensiles dans le milieu scolaire, le risque de creuser des
inégalités en favorisant les élèves qui ont accès à tous ces dispositifs au
sein de leur milieu familial ?
Autre
réflexion portant sur l’aspect neurologique avec la reconnaissance de neurones
miroirs mis en avant par Giacomo Rizzolatti et Corrado Sinigaglia leur ouvrage (« Les
neurones miroirs »). Ces neurones ayant une composante principalement
motrice présentent une spécificité : ils se mettent à fonctionner autant
lorsqu’on réalise une action que lorsqu’on l’observe ; dès lors, leur
importance est claire non seulement pour l’aspect purement moteur (on apprend
en observant ses semblables) mais aussi pour celui de la compréhension des
actions d’autrui (je comprends ce qu’implique une action pour autrui car je
suis capable de la comparer par rapport à mon expérience motrice personnelle,
nous pouvons rapprocher cela d’une certaine forme d’empathie). Cela rend donc
l’observation des actions de nos semblables et l’interaction directe avec eux
indispensables à la mise en place d’un répertoire moteur efficace et reconnaissable socialement, c’est
à dire constitutif de notre identité d’être humain. C’est là un point qui me
semble de première importance et qui peut expliquer en partie la spécificité de
notre espèce ; en effet, le développement et l’adaptation de ces circuits
neuronaux au court du temps pourrait aider à expliquer l’évolution de toutes les pratiques humaines : de
l’acquisition du langage (motricité du visage et forme de la bouche
reproductible en observant l’émission d’un son par un pair) à la maîtrise des
techniques les plus élaborées et socialement significatives (gestes sportifs,
artisanat, agriculture, expression
corporelle, création artistique…). On peut aisément s’inquiéter du degré
d’interactions sociales qui diminue chaque jour. L’importance des réseaux
sociaux m’apparaît alors comme un réel fléau, de même que la disparition
inéluctable d’un grand nombre de professions qui deviennent inutiles selon
certains car remplaçables par de nombreux dispositifs « modernes ».
Nous pouvons citer l’accueil et tenue de caisse dans les magasins et la grande
distribution ou la présence aux guichets des entreprises de service publique,
autant de tâches qui peuvent être facilement supplantées par des bornes
d’accueil, des achats par internet ou de manière plus extravagante par des
robots d’un nouveau genre. Là il ne s’agit pas de science fiction, cela existe
déjà au Japon. France info relayait déjà, en avril 2015, la présentation de « la
première hôtesse humanoïde à l’œuvre dans un très chic magasin de Tokyo ».
Il n’est pas rare d’entendre la critique selon laquelle les français seraient
moins prêt « culturellement » à accueillir ce genre de
dispositif : par peur irrationnelle et inquiétude non justifiée. Que pèse
cette diminution des interactions sociales humaines à l’œuvre au quotidien face
aux pressions financières (gain de productivité, de temps, d’argent) ? On
nous explique donc la nécessité d’avoir recours à des robots et autres machines
pour la réalisation d’actions « simples ». En revenant sur
l’importance des neurones miroirs, je me demande comment on peut imaginer qu’un
enfant, qui évolue dans le monde que l’on nous prédit, va être capable,
derrière son écran d’ordinateur, sous ses lunettes de réalité virtuelle ou en
s’adressant à un robot, d’apprendre et d’intégrer la base des relations sociales humaines. Encore plus loin, comment aborder
ce paradoxe ahurissant : l’être humain crée des robots à son image qui
vont influencer l’acquisition par nos enfants de schèmes moteurs incomplets et
non totalement reproductibles car pas assez humains. En somme, nous en serions
réduits à imiter des machines inventées pour nous imiter.
Le phénomène de Réalité Virtuelle est aussi
parfaitement représentatif de cet engouement extravagant pour les nouvelles
technologies, pour nombre de spécialistes c’est seulement un secteur porteur :
j’ai en mémoire cette photographie présentant Mark Zuckerberg qui entre dans la
salle du Mobile World Congress de Barcelone traversant une foule d’individus
cachés derrière leurs fameuses lunettes. Quel contraste saisissant entre le
seul individu en mouvement ne boudant pas son plaisir et la masse de ses
congénères sans défense et inactifs. Si notre futur ressemble à cela, il faut
se mobiliser dès à présent, dans le cas contraire il n’y aura pas beaucoup de
choix entre le rôle de grand horloger et celui de petit rouage
remplaçable ; personnellement aucun
de ces rôles ne me conviendrait. Des casques de Réalité Virtuelle sont
déjà commercialisés pour se combiner avec un smartphone ou pour des consoles de
jeu nouvelle génération, or je n’ai pas trouvé d’information concernant des
tests mesurant les dangers potentiels de ce type d’appareils. L’un des buts est
d’être le plus immersif possible pour vivre l’action la plus intense sans
courir de risques physiques, mais quand est-il des risques psychiques ?
Nous savons tous et malheureusement pour certains, par expérience, qu’un
évènement traumatisant a des répercussions à plus ou moins long terme tant sur
le plan physique que psychique, les deux étant d’ailleurs indissociables « dans le réel ».
Quelle idée de risquer de créer de nouveaux états traumatiques sans aucune
assurance que nous serons capables de les appréhender efficacement ? Il
n’y aura plus vraiment de lien entre expérience psychique
« irréellement » vécue et expérience physique réelle, le corps est en
quelque sorte trompé. Il est déjà très difficile de vivre en prétendant
atteindre un certain équilibre, comment espérer atteindre cet équilibre en
multipliant les expériences de vie en dehors de l’expérience du corps ; on
s’éloigne clairement de l’unicité du
corps et de l’esprit. Comment prendre la
juste distance par rapport à des faits « irréels » ? Pour
illustrer ces propos on peut évoquer le court métrage d’Alejandro G. Iñarritu
« Carne y arena » présenté au festival de Cannes en mai 2017 :
le spectateur équipé d’un casque de réalité virtuelle, en immersion totale, vit
la course d’un migrant tentant de rejoindre les Etats-Unis à travers le désert
nord-méxicain. Une expérience rapportée comme poignante et émouvante pour
certains mais qu’on peut donc imaginer comme traumatisante et éprouvante pour
d’autres. Pendant les 6 minutes 30 de film, aucune possibilité de se mettre à
distance, comment être sûr de ne pas occasionner des blessures
mentales ?
Quelles
magnifiques perspectives avec cette réalité virtuelle ! Pourquoi ne pas
continuer à défricher « les poumons verts » de notre planète, faire
des dernières forêts protégées des sanctuaires privés inaccessibles aux communs
des mortels et proposer en même temps des balades en forêt dans un monde
virtuel. Certains imagineront bien de nouvelles start-up créant des machines
destinées à renouveler l’O2 ou promotionnant l’implantation
« artificielle » de végétaux en milieu urbain au dessus des couches
de bétons des nouvelles villes connectées.
Cette question de la mise à distance avec
l’utilisation de nouveaux engins intéresse aussi le domaine militaire et les
conséquences sont autrement plus dramatiques et déjà observables. Avec l’usage
des drones lors des conflits armés, on touche à un problème très
sensible : le meurtre et la responsabilité engagée. A l’inverse de l’expérience précédente il
s’agit, avec ce type d’appareil, d’opérer à une mise à distance inconsidérée
pour le « pilote » qui semble jouer sur une console de jeu
vidéo ; on observe une inadéquation totale entre l’action anodine derrière
un écran à des milliers de kilomètres et la conséquence de celle-ci. Que dire
après la décision de la ministre des armées en septembre 2017 d ‘engager
le processus d’armement des drones de renseignement et de surveillance de
l’armée française ? (voir le film
d’Andrew Niccol, « Good Kill »,
lire le témoignage au Courrier International de Brandon Bryant, ancien
pilote de drone dans une unité spéciale de l’armée de l’air américaine). En
terme de prise de distance, le juste milieu n’est-il pas celui de notre
expérience physique ?
L’obsolescence d’un certain nombre de
pratiques et par extension l’obsolescence de l’Homme lui-même paraît
inéluctable si une réflexion sérieuse n’est pas menée. Je propose un parallèle
entre l’être humain et les deux idiomes que sont le latin et le grec. Ces deux
langues sont dites « mortes » car inusitées, ce qui ramène à l’idée
d’inutilité pour certains, or je ne suis pas loin de penser que ces langues
sont devenues « obsolètes » du fait de plusieurs décennies voir
siècles de dénigrement et d’indifférence. Si l’être humain devient « inutile »
à force d’être inusité on pourrait le qualifier donc de
« mort » ; ne serions-nous pas en train faciliter voir
d’accélérer « la mort de l’Homme ». Espérons que derrière nos écrans
et même dedans (réalité virtuelle oblige) nous réussissions à subsister en bons
« morts-vivants ».
Les étapes sont franchies à un rythme
vertigineux sans pour autant que l’on puisse entrevoir de limites, pourtant les
plus enthousiastes ne veulent pas s’arrêter là et, loin de s’émouvoir de la
victoire de l’IA sur l’Homme au jeu de go en 2016 (Alphago contre Lee Sedol), des réussites du robot « Todai » aux
examens d’entrée de la plus prestigieuse université de Tokyo, de la puissance de calcul des
futurs ordinateurs quantiques ou encore de la place de plus en plus présente
des algorithmes dans nos vies (choix des universités, recrutement des salariés),
ils prônent une forme de fusion entre homme et machine ou la possibilité
d’utiliser les dernières avancées dans le domaine de la génétique pour
« améliorer » l’être humain. Elon
Musk, avec son nouveau projet Neuralink espère développer une interface
cerveau-ordinateur pour améliorer nos capacités cognitives ; Laurent
Alexandre (fondateur de Doctissimo) ou Ray Kurzwell chez Google pensent qu’il
sera possible de vaincre la mort grâce à l’essor de la biotechnologie ; les
idéologues transhumanistes parlent d’ « humain augmenté » et
certains scientifiques comme le généticien Radman Miroslav se verraient bien
utiliser la nouvelle technique CRISPR-Cas9 (« ciseau
génétique ») pour modifier avec précision l’ADN : « Faut-il être
l’esclave du hasard de la nature ? Est-ce que c’est juste ? »
(interview publiée sur lexpress.fr le 03/08/17). Tout simplement effrayant. Il
serait dangereux de penser pouvoir en finir avec le principe fondamental d’incertitude qui régit toute
existence humaine. C’est pourquoi les débats relatifs aux aspects éthiques et
légaux sont vitaux. Sans réflexion ni
mesure, l’être humain risque de subir le même sort qu’Icare lors de son
ascension vers le soleil et j’espère que les Dédale de notre temps
(scientifiques, inventeurs, penseurs…) sauront mettre en garde contre ces excès
d’impudence à l’égard de notre nature.
Pour
ma part, je n’ai aucune envie de mettre le cours de mon existence entre les
mains de systèmes de calcul pensés par un petit nombre d’individus ; il est
d’ailleurs intéressant de noter qu’ un ensemble de programmes dirigeant les
composants et ressources d’un appareil informatique est appelé « système
d’exploitation ». J’ai bien peur que par manque de vigilance l’être humain
ne devienne une de ces ressources.
L’ère
du numérique, le transhumanisme comme seul horizon, acquérir l’immortalité
comme plus grande obsession, ce n’est pas l’humain augmenté mais l’humain
disparu, très peu pour moi, j’aimerais pouvoir dépérir tranquillement en toute
conscience en essayant de passer le relai au mieux aux prochaines générations.
C’est pourtant ce qui se passe depuis des millénaires mais c’est vrai que
je dois être un peu rétrograde finalement !
P.M.
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