mercredi 2 mai 2018

Si c'était à refaire... je ne changerais rien. Si aucune évolution majeure ne survient, je choisirai l'abstention lors des prochaines échéances électorales.

Texte envoyé à plusieurs rédactions lors de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle française de 2017.


Je voterai blanc le 7 mai 2017, c’est ma responsabilité, laissez-moi au moins cela.

Lettre ouverte à l’ensemble de notre classe dirigeante : maîtres chanteurs, maigres penseurs et surtout mauvais « entendeurs ».

Je vais voter, c’est ma manière d’entretenir l’espoir, peut-être illusoire, d’une « ré-évolution » citoyenne non violente.
Je tiens à dénoncer ici votre campagne de culpabilisation à l’encontre des personnes qui pourraient choisir un vote blanc, nul ou préférer l’abstention.
Précisons tout d’abord que je rejette en bloc tout ce qui de près ou de loin peut ressembler au Front National, jamais je n’ai pensé une seule seconde voter pour un de leurs représentants. La raison est personnelle, c’est une question d’éducation reçue, de principes moraux et de convictions. Je possède la double nationalité franco-espagnole, je suis fils et petit-fils d’émigrés, c’est donc un déchirement pour moi d’imaginer un tel parti au pouvoir. 
Cependant, cette élection est une voie sans issue. J’assume donc totalement la responsabilité de mon vote blanc et le risque de voir le pire au pouvoir. Quel que soit le résultat du scrutin, je me prépare à devoir me mobiliser comme jamais je ne l’ai fait auparavant  afin de protéger nos droits.

Pendant combien de temps devrais-je accepter ce jeu dangereux qui permet la montée insidieuse du FN depuis 15 ans ? J’étais étudiant en 2002, rien n’a changé, je me suis déjà senti pris en otage lors de cet ancien vote. Très vite, il a été oublié que c’était une élection par défaut ; moi je vais marquer à ma manière le défaut de l’élection présente. Les mémoires sont souvent arrangeantes, la mienne est encore « à vif ». Si votre réelle prise de conscience est à ce prix, le dépouillement m’imposera le coût réel à subir. Je ne cèderai pas à la peur cette fois-ci.  Dorénavant la coupe est pleine, je ne veux plus subir cette dictature de votre pensée. Cette pensée qui vise à me faire passer pour un soutien de ce parti nauséabond alors que je choisis juste de ne pas participer à votre mascarade : bel exemple d’un glissement vers le fascisme ordinaire. Je n’appelle personne à faire le même choix que moi, je demande juste que l’on respecte ma démarche, que l’on me respecte, tout simplement.
J’entends depuis le premier tour ces appels au vote « utile », je tiens à vous rappeler qu’en fonction du contexte et des enjeux, certains crimes abominables peuvent passer pour « utiles ». En poussant votre principe d’utilitarisme à l’extrême, admettons que dans 10 ou 15 ans le diktat politique « impose le choix » (formule intéressante qui vous définit très bien) d’un parti d’extrême droite, et bien, si le sort me permet encore d’être debout, vous me trouverez là, empreint de ma pleine et entière irresponsabilité en train de nier votre pseudo-évidence.
Vous allez trop loin, je voulais me taire jusqu’à maintenant, vous m’obligez à me défendre. Vous êtes une nouvelle fois injustes. Arrêtez de pointer du doigt les individus qui, comme moi, veulent voter blanc, ce n’est pas une simple réaction de colère déraisonnée.  Pour ma part je comprends les enjeux. Oui le doute m’assaille au quotidien, oui c’est un véritable cas de conscience. Il m’arrive même d’imaginer un certain soulagement en me projetant  après l’échéance du 7 mai  et en pensant aux explications possible de certains de mes concitoyens m’ayant « sauvé la mise » pendant que je « boudais ». L’avenir seul nous dira si quelque chose peut être sauvé  avec votre candidat, dans tous les cas, je me tiendrai prêt à résister. Ne me traitez pas comme un enfant capricieux et boudeur, tentez plutôt de vous occuper de votre enfant gâté.
Pour l’heure je choisis d’arrêter ces calculs algorithmiques entre le pire, le moins pire, le soupir… Je n’ai aucune envie d’être militant d’un parti, ou d’un mouvement, je veux rester libre de ma pensée, cependant je me sens plus proche des idées d’un certain candidat écarté (je vous laisse imaginer lequel). Vous êtes capable de choisir entre d’un côté, vous soumettre au parti de la peur, de la haine, du repli sur soi, du fascisme et de l’autre, vous soumettre à ce mouvement du libéralisme excessif, de l’aliénation des travailleurs et salariés, de l’interventionnisme mortifère à l’étranger ?  Bravo à vous, vous êtes sans doute de meilleurs citoyens que moi ; je choisis mon humanisme, ne pas me soumettre du tout.
Nous sommes responsables de notre vote, pas de l’accumulation de vos erreurs passées. Vous comptez sur notre bon sens quand cela vous arrange mais vous méprisez notre intelligence. Vous passez pourtant volontiers outre notre volonté ; les exemples ne manquent pas : référendum de 2005, 49:3 divers et variés. Et bien assumez maintenant. Au vu des agissements et conditions de vie de nombre d’entre vous, vous me semblez bien mal placés pour en appeler à la morale citoyenne.
Autre ressort de cette culpabilisation : quelle société laisserons-nous à nos enfants et nos petits-enfants ? Et bien je répondrais que j’ai moi-même des enfants en bas-âge, je ne peux donc pas m’offrir le luxe de « m’asseoir » sur mes propres principes, sinon, quel exemple leur donnerais-je ? Je refuse aussi qu’ils soient obligés de jouer au même jeu que moi dans 15 ans et qu’ils voient s’étioler leurs espoirs au fil du temps. C’est maintenant que j’ai la force de me battre pour leur avenir.
Vous utilisez la culpabilité comme arme de destruction de la conscience collective. Vous jouez à nous faire peur en agitant le spectre du fascisme sans vous rendre compte que vous jouez avec nos vies mais aussi avec les vôtres. Il faut savoir qu’une partie de plus en plus importante de vos concitoyens ne partage pas votre vision du monde et de la France, il est intolérable de culpabiliser sans cesse le peuple que vous avez si longtemps aliéné par votre malhonnêteté intellectuelle. Ce peuple ne demande qu’à se réveiller. S’il vous plaît, cessez d’étouffer notre désir d ‘émancipation parce que vous croyez savoir ce qui est bon pour nous, rompez avec ce sophisme qui consiste à confondre notre bien-être et votre confort. Votre soif d’argent et de pouvoir ne vous rend pas plus méritants ; nombre d’entre nous ne poursuivent pas les mêmes objectifs que vous mais ne méritent pas pour autant d’être soumis. Nous voulons juste notre liberté : liberté de penser, liberté d’agir. Rendez-nous ce droit au bonheur le plus élémentaire que vous nous avez confisqué depuis si longtemps.
J’espère enfin que vous ne rendez pas votre candidat responsable seul de la faillite possible de votre entreprise : cette sorte de mépris des gens du peuple lors de certaines sorties médiatiques hasardeuses, ces discours alambiqués dont lui-même perd le fil et qui s’avèrent après coup avoir un double voir un triple sens, cette volonté à peine voilée d’incarner « une vision » au détriment d’un programme clair et précis… D’aucuns seront impressionnés par une certaine maîtrise de la langue, par de nombreuses références littéraires. La connaissance rassure surtout quand on sait la rendre inaccessible. Qu’en est-il du respect de la simplicité, de l’honnêteté, de la sincérité ? Ce sont tous ces manquements que je trouve irresponsable, mais il n’est pas le seul à mettre en cause, il est tout simplement le meilleur représentant de votre caste à bout de souffle.

Cordialement. Pablo MOUETTE (simple citoyen, travailleur indépendant).



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