L’argent,
le nerf de la guerre, est au centre de leurs préoccupations. Pour l’un, il
s’est agi de s’enrichir démesurément avant de flatter un ego disproportionné
par l’accession au poste le plus prestigieux et pour l’autre de flatter son ego
hors norme et bien dissimulé par l’accès à un poste « jupitérien »
après avoir gagné des sommes difficilement identifiables. Ils ont sans doute en
commun une bonne connaissance des stratégies de défiscalisation.
Dans tous les cas, beaucoup témoignent du
fait que Macron avait bien
compris l’importance de gagner de belles sommes et de bons contacts avant de se
lancer en politique. Serait-il naïf de croire que l’on peut réussir en parlant
sincèrement aux électeurs?
Autre concordance : un an avant leur
élection très peu de monde croyait en eux ; tous deux ont connu une
ascension fulgurante certainement dû à leur grand talent et mérite personnels.
Rappelons d’ailleurs que dans ces deux élections la majorité des inscrits avait
choisi de ne pas leur donner leur confiance. Pour ce qui est des Etats-Unis il
y a eu tout de même presque 46% d’abstention, ajoutons à cela le système des
grands électeurs permettant au candidat qui a reçu le moins de voix au niveau
national d’être élu et il me semble difficile d’avancer que le peuple américain
a réellement choisi Trump. Même constat pour la France avec 25,44%
d’abstention (12,1 M), 8,59% de votes blancs ou nul (4 M) et 22,36% de vote
pour Le Pen (10,6 M) ; sachant qu’environ 43% des électeurs de Monsieur
Macron ont voté pour lui par peur du FN sans pour autant partager ses idées, il
aurait donc gagné la confiance d’environ 11,8 M de Français, difficile d’y voir
une victoire éclatante.
Ces deux individus me semblent faits pour
s’entendre, ils sont les deux faces d’une même pièce, ils peuvent justifier
chacun l’existence de l’autre, comme le père Noël et les cadeaux, la maladie et
son vaccin ou encore le tapis et la poussière qu’il peut cacher. Entre la
petite brute et l’éternel premier de classe qui tente de contenter tous ses
maîtres penseurs et autres grands horlogers de notre société inégalitaire, il
ne pouvait y avoir que des étincelles. Leur poignée de main si médiatisée a été
un premier morceau de bravoure, notre président aurait envoyé un message clair
et viril à ce rustre et cela mériterait l’admiration du monde entier. Cependant,
nous pourrions aussi voir dans ce geste et surtout dans les commentaires faits
par le héros lui-même, une simple manière d’attirer l’attention comme un enfant
voulant défier son père pour s’affirmer. Une chose est sûre, ces deux frères
ennemis vont adorer se détester s’ils réussissent à conserver assez longtemps
leurs postes respectifs.
Tous
deux ont une relation particulière avec les média et ont eu des stratégies de
communication très efficaces. D’un côté le président américain qui a fait
clairement le choix de « snober » toute la presse
« classique » et d’investir les réseaux sociaux avec le
« succès » qu’on lui connaît, de l’autre côté Macron, avant
son élection, qui lui, a éprouvé plus de mal à s’imposer sur les même
plateformes et qui a donc choisi de s’appuyer sur une campagne de communication
rondement menée par l’ensemble des média dit « traditionnels ». Un
matraquage de plusieurs mois avec un nombre incalculable de unes de magasines
en tout genre, d’articles de journaux dithyrambiques, de commentaires
télévisuels enamourés…
Reconnaissons que le président français est
plus fin ou plus vicieux (au choix) que son homologue américain qui ne s’embarrasse
d’aucune marque de courtoisie la plus élémentaire. Au moins, il n’avance pas
masqué ce qui rend ses envolés lyriques encore plus frappantes et effrayantes. Il est vrai que notre « Jupiter » national se
montre le plus souvent mesuré et avenant ; tout de même un peu moins
depuis son élection. Il faudrait demander leurs avis à tous ces journalistes
politiques arroseurs d’électeurs arrosés par l’élu, ne seraient-ils pas
victimes d’une certaine injustice ? Ce cher Macron semble plus
subtilement machiavélique ; au lieu d’en dire plus qu’il n’en faut, il
cultive l’art du non-dit au risque de montrer une grande indifférence à l’égard
d’une large part de ses concitoyens. Petit retour en arrière le soir même de
son élection, lors du discours au Louvre, il débute par des remerciements à
ceux qui l’ont soutenu tout au long de la campagne ce qui est bien légitime,
ensuite un mot pour les personnes qui ne partagent pas toutes ses idées mais
qui ont voté pour lui afin de faire barrage au front national, attention
normale, enfin, un appel aux électeurs de ce même FN… stupeur, aucune référence
aux millions d’abstentionnistes, votants blanc ou nul. En extrapolant un peu,
nous pouvons facilement déduire que ces derniers n’appartiennent pas à sa
République, un oubli fortuit ? Avec son armada de communicants se tenant
prêts à mordre les mollets de quiconque tiendrait une caméra ou un micro,
scrutant et préparant toutes ses sorties, cela semble peu probable. D’ailleurs
les « sorties de route » médiatiques s’enchaînent et ne se
ressemblent pas : les ouvrières de l’usine Gad « illettrées »,
« la meilleure façon de se payer un costard » à Lunel (sans doute un
des grands objectifs de vie comme se payer une Rolex avant 50 ans),
« l’alcoolisme et le tabagisme dans le bassin minier »… ça c’était
avant la présidence. Certains le
défendent en disant qu’il est l’un des seuls à parler « vrai », nous
pouvons aussi y voir mépris et irrespect, comment se fait-il qu’il abandonne si
facilement sa courtoisie et sa mesure légendaire en présence de citoyens des
classes populaires ? Ne mesure-t-il pas chaque mot et chaque geste
lorsqu’il échange publiquement avec ses pairs élus, chefs d’entreprise et
autres personnages importants ? Les ouvriers et autres salariés ne
méritent-ils pas les mêmes égards ? Notre président ne fait preuve
d’empathie qu’avec les gens de son milieu ou avec ceux qui caressent l’espoir
d’y entrer. En tant que président il a fait encore plus fort avec sa blague
douteuse sur « les kwassa-kwassa » ou encore en invectivant les
salariés de GM&S : « je ne suis pas le Père Noël » ;
espérons qu’il ne sorte pas son bonnet rouge et sa hotte lors du prochain forum
des entrepreneurs. Il est toujours savoureux d’entendre nombre de penseurs,
philosophes, écrivains et autres journalistes politiques se répandre en éloges.
Ils sont capables de nous expliquer par des détours intellectuels inaccessibles
au commun des mortels que ce nouveau président représente l’espoir, le
renouveau. Souvent mécontents de ne pas réussir à être convaincants, ils
en deviennent même insultants ; si nous ne les suivons pas dans leurs
délires, nous sommes de grands dépressifs ayant perdu tout espoir et sommes
emplis d’amertume. Ils ne peuvent se faire à l’idée que nous puissions avoir de
grands espoirs mais que nous choisissions de ne pas les placer en la personne
de cet efficace communicant faussement bienveillant, toujours dissimulant et
souvent méprisant. Que cet homme imagine sa vie comme un roman, libre à lui,
cependant, je n’ai aucune envie de remettre mon sort entre les mains d’un
Julien Sorel ou d’un Georges Duroy plus soucieux d’être aimé du beau monde que
d’œuvrer au bien-être du plus grand nombre.
Ne délaissons pas trop longtemps le facétieux Trump, climato-sceptique patenté, qui s’est surpassé lors de l’annonce de la
sortie de la COP 21. Une aubaine pour notre cher Président qui était loin
d’avoir placé l’écologie au premier rang des préoccupations de son programme.
Belle performance à base de slogans lumineux mais bel et bien éclipsée quelques
jours plus tard au moment d’un déplacement pour aller voter au Touquet en… jet
privé. Cynisme quand tu nous tiens.
Pour conclure, Macron peut tout à fait
apparaître comme un Trump « soft », belle ironie pour cet amoureux de
l’anglais ou plutôt de l’américain.
P.M.
P.M.
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