mardi 20 juin 2017

Le Président Macron serait-il l’alter ego du Président Trump ?

    L’argent, le nerf de la guerre, est au centre de leurs préoccupations. Pour l’un, il s’est agi de s’enrichir démesurément avant de flatter un ego disproportionné par l’accession au poste le plus prestigieux et pour l’autre de flatter son ego hors norme et bien dissimulé par l’accès à un poste « jupitérien » après avoir gagné des sommes difficilement identifiables. Ils ont sans doute en commun une bonne connaissance des stratégies de défiscalisation.
   Dans tous les cas, beaucoup témoignent du fait que Macron avait bien compris l’importance de gagner de belles sommes et de bons contacts avant de se lancer en politique. Serait-il naïf de croire que l’on peut réussir en parlant sincèrement aux électeurs?
    Autre concordance : un an avant leur élection très peu de monde croyait en eux ; tous deux ont connu une ascension fulgurante certainement dû à leur grand talent et mérite personnels. Rappelons d’ailleurs que dans ces deux élections la majorité des inscrits avait choisi de ne pas leur donner leur confiance. Pour ce qui est des Etats-Unis il y a eu tout de même presque 46% d’abstention, ajoutons à cela le système des grands électeurs permettant au candidat qui a reçu le moins de voix au niveau national d’être élu et il me semble difficile d’avancer que le peuple américain a réellement choisi Trump. Même constat pour la France avec 25,44% d’abstention (12,1 M), 8,59% de votes blancs ou nul (4 M) et 22,36% de vote pour Le Pen (10,6 M) ; sachant qu’environ 43% des électeurs de Monsieur Macron ont voté pour lui par peur du FN sans pour autant partager ses idées, il aurait donc gagné la confiance d’environ 11,8 M de Français, difficile d’y voir une victoire éclatante.
    Ces deux individus me semblent faits pour s’entendre, ils sont les deux faces d’une même pièce, ils peuvent justifier chacun l’existence de l’autre, comme le père Noël et les cadeaux, la maladie et son vaccin ou encore le tapis et la poussière qu’il peut cacher. Entre la petite brute et l’éternel premier de classe qui tente de contenter tous ses maîtres penseurs et autres grands horlogers de notre société inégalitaire, il ne pouvait y avoir que des étincelles. Leur poignée de main si médiatisée a été un premier morceau de bravoure, notre président aurait envoyé un message clair et viril à ce rustre et cela mériterait l’admiration du monde entier. Cependant, nous pourrions aussi voir dans ce geste et surtout dans les commentaires faits par le héros lui-même, une simple manière d’attirer l’attention comme un enfant voulant défier son père pour s’affirmer. Une chose est sûre, ces deux frères ennemis vont adorer se détester s’ils réussissent à conserver assez longtemps leurs postes respectifs.
Tous deux ont une relation particulière avec les média et ont eu des stratégies de communication très efficaces. D’un côté le président américain qui a fait clairement le choix de « snober » toute la presse « classique » et d’investir les réseaux sociaux avec le « succès » qu’on lui connaît, de l’autre côté Macron, avant son élection, qui lui, a éprouvé plus de mal à s’imposer sur les même plateformes et qui a donc choisi de s’appuyer sur une campagne de communication rondement menée par l’ensemble des média dit « traditionnels ». Un matraquage de plusieurs mois avec un nombre incalculable de unes de magasines en tout genre, d’articles de journaux dithyrambiques, de commentaires télévisuels enamourés…
    Reconnaissons que le président français est plus fin ou plus vicieux (au choix) que son homologue américain qui ne s’embarrasse d’aucune marque de courtoisie la plus élémentaire. Au moins, il n’avance pas masqué ce qui rend ses envolés lyriques encore plus frappantes et effrayantes.  Il est vrai que notre « Jupiter » national se montre le plus souvent mesuré et avenant ; tout de même un peu moins depuis son élection. Il faudrait demander leurs avis à tous ces journalistes politiques arroseurs d’électeurs arrosés par l’élu, ne seraient-ils pas victimes d’une certaine injustice ? Ce cher Macron semble plus subtilement machiavélique ; au lieu d’en dire plus qu’il n’en faut, il cultive l’art du non-dit au risque de montrer une grande indifférence à l’égard d’une large part de ses concitoyens. Petit retour en arrière le soir même de son élection, lors du discours au Louvre, il débute par des remerciements à ceux qui l’ont soutenu tout au long de la campagne ce qui est bien légitime, ensuite un mot pour les personnes qui ne partagent pas toutes ses idées mais qui ont voté pour lui afin de faire barrage au front national, attention normale, enfin, un appel aux électeurs de ce même FN… stupeur, aucune référence aux millions d’abstentionnistes, votants blanc ou nul. En extrapolant un peu, nous pouvons facilement déduire que ces derniers n’appartiennent pas à sa République, un oubli fortuit ? Avec son armada de communicants se tenant prêts à mordre les mollets de quiconque tiendrait une caméra ou un micro, scrutant et préparant toutes ses sorties, cela semble peu probable. D’ailleurs les « sorties de route » médiatiques s’enchaînent et ne se ressemblent pas : les ouvrières de l’usine Gad « illettrées », « la meilleure façon de se payer un costard » à Lunel (sans doute un des grands objectifs de vie comme se payer une Rolex avant 50 ans), « l’alcoolisme et le tabagisme dans le bassin minier »… ça c’était avant la présidence.  Certains le défendent en disant qu’il est l’un des seuls à parler « vrai », nous pouvons aussi y voir mépris et irrespect, comment se fait-il qu’il abandonne si facilement sa courtoisie et sa mesure légendaire en présence de citoyens des classes populaires ? Ne mesure-t-il pas chaque mot et chaque geste lorsqu’il échange publiquement avec ses pairs élus, chefs d’entreprise et autres personnages importants ? Les ouvriers et autres salariés ne méritent-ils pas les mêmes égards ? Notre président ne fait preuve d’empathie qu’avec les gens de son milieu ou avec ceux qui caressent l’espoir d’y entrer. En tant que président il a fait encore plus fort avec sa blague douteuse sur « les kwassa-kwassa » ou encore en invectivant les salariés de GM&S : « je ne suis pas le Père Noël » ; espérons qu’il ne sorte pas son bonnet rouge et sa hotte lors du prochain forum des entrepreneurs. Il est toujours savoureux d’entendre nombre de penseurs, philosophes, écrivains et autres journalistes politiques se répandre en éloges. Ils sont capables de nous expliquer par des détours intellectuels inaccessibles au commun des mortels que ce nouveau président représente l’espoir, le renouveau. Souvent  mécontents de ne pas réussir à être convaincants, ils en deviennent même insultants ; si nous ne les suivons pas dans leurs délires, nous sommes de grands dépressifs ayant perdu tout espoir et sommes emplis d’amertume. Ils ne peuvent se faire à l’idée que nous puissions avoir de grands espoirs mais que nous choisissions de ne pas les placer en la personne de cet efficace communicant faussement bienveillant, toujours dissimulant et souvent méprisant. Que cet homme imagine sa vie comme un roman, libre à lui, cependant, je n’ai aucune envie de remettre mon sort entre les mains d’un Julien Sorel ou d’un Georges Duroy plus soucieux d’être aimé du beau monde que d’œuvrer au bien-être du plus grand nombre.
    Ne délaissons pas trop longtemps le facétieux Trump, climato-sceptique patenté, qui s’est surpassé lors de l’annonce de la sortie de la COP 21. Une aubaine pour notre cher Président qui était loin d’avoir placé l’écologie au premier rang des préoccupations de son programme. Belle performance à base de slogans lumineux mais bel et bien éclipsée quelques jours plus tard au moment d’un déplacement pour aller voter au Touquet en… jet privé. Cynisme quand tu nous tiens.

    Pour conclure, Macron peut tout à fait apparaître comme un Trump « soft », belle ironie pour cet amoureux de l’anglais ou plutôt de l’américain.

P.M.

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