Tout d’abord
il convient de présenter des excuses à tous les marchands qui pourraient
se sentir injustement attaqués en étant comparés à nos caciques, véritables
tacticiens de la fourberie dénués de tout scrupule. Une magnifique illustration de cette stratégie
a pu être observée ces derniers jours lors des annonces sur la réforme de
l’assurance chômage, plus précisément au sujet de l’instauration d’une
indemnisation pour les démissionnaires et les indépendants. Initialement il
était prévu, dès les premières annonces à l’automne 2017, de permettre à toute
personne remplissant les critères (pas encore définis) de pouvoir user de ce
dispositif « tous les 5 ans » ; puis, sans doute en raison des
sombres prévisions de comptables mal intentionnés, il a été décidé de
complexifier la démarche à un degré qui aurait découragé même Albert
Einstein ; enfin, en mars 2018 la ministre du travail fait une annonce et
tous les médias insistent bien sur le fait que le gouvernement fera une belle
faveur en réduisant le délai à respecter avant une reconversion, le faisant
passer de 7 ans à 5 ans… en clair, je vous donne ce qui était prévu au départ
en terme de délai mais je maquille cela en concession afin de masquer tous les
obstacles nouvellement établis…
Ce n’est pourtant pas la première fois que cette technique grossière
est employée. Dès lors, comment imaginer que quelqu’un puisse se faire encore
abuser ? Ils promettent à leur cible, ou plutôt leur partenaire de
négociation, un aller simple au purgatoire et une fin de voyage dans une cellule
capitonnée sans aération. Après quelques discussions pour la galerie, dans leur
infinie bonté, ils font l’énorme
concession d’accepter finalement de creuser une fenêtre de la taille d’un trou
de souris et de desserrer quelque peu les liens de la camisole de force. Il
faudrait en plus leur dire merci et que l’on applaudisse leur amour du
dialogue. Les plus belles victimes de cette supercherie ont été, il n’y a pas
si longtemps, les Mailly et autres Berger. Lors des « concertations »
pour la réforme du code de travail ils sont ressortis presque « à poil »
de leurs entretiens avec l’exécutif et
ont, sans aucune fierté, trouvé encore la force de faire des courbettes devant
les caméras en remerciant les grands diplomates de leur avoir laissé leur slip…
Laurent Berger a tout de même changé de refrain dans le Journal du Dimanche :
« la méthode Macron, c’est : vous discutez et je tranche ». Et
bien, il lui aura fallu quelques mois pour s’en rendre compte… il n’est jamais
trop tard pour que l’autruche sorte la tête du trou cependant il y a fort à
parier qu’elle va y retourner bien vite.
Autre technique: on parle exagérément de
pseudo avantages condamnés en bloc par l’équipe dirigeante puis on attend
patiemment le matraquage par leurs collaborateurs médiatiques qui laissent une
place plus que limitée aux contradicteurs. Une grande partie de la fonction
publique doit subir ce traitement, en ce moment ce sont les cheminots qui sont
dans l’œil du cyclone. Quelle ironie lorsque l’on pense à ces travailleurs du
rail qui vont devoir défendre leur statut et bientôt leur régime de retraite face
aux injonctions de technocrates qui bénéficient d’avantages et de privilèges
indécents jamais remis en cause... Il y a pourtant un principe de base :
comment demander à des gens de faire des efforts importants si soi-même on n’en
consent aucun? Qu’en est-il de l’exemplarité? Je commence à penser réellement
que parmi ces grands politiques se cachent de véritables "malades" atteints de troubles psychiques graves; des individus qui, par leurs excès, accélèrent leur crise d’autodestruction, comme des junkies se shootant à
l’argent et au pouvoir et qui ne
s’arrêteront pas tant qu’ils n’auront pas atteint l’overdose sociale, ou tant
qu’ils n’auront pas changé tout ce qui peut leur être cher en billets de
banque, en bitcoins ou en lingots d’or... des sortes de Midas modernes qui, non
contents d’être en état de décomposition mentale avancée veulent empoisonner
tout ce qui reste de “sain” pour peu que cela leur rapporte de l’argent.
Notons aussi l’illusion rhétorique
présidentielle qui a été particulièrement appuyée lors du forum économique mondiale de Davos. Le « chef
de l’Etat » a osé avancer ces propos : « On a fait croire que la
croissance concernait tout le monde. Ce n’est pas vrai. Elle est de moins en
moins juste, concentrée sur les 1% les plus riches ». Le cynisme de ce
personnage ne semble pas avoir de limites ; il énonce un simple constat
sans autre explication et encore moins en abordant de possibles solutions
concrètes, encore une belle déclaration d’intention qu’il s’empresse d’oublier
une fois le discours terminé; encore un coup de communication dont il est si
friand… Les recommandations semblent pourtant claires dans le rapport publié
quelques heures plus tôt par l’Oxfam (Partager
la richesse avec celles et ceux qui la créent) : « Les états
doivent créer une société plus équitable en privilégiant la main-d’œuvre
ordinaire et les petits producteurs et petites productrices de denrées
alimentaires et non les riches et les puissant-e-s » (en écriture
inclusive dans le texte). Le World inequality lab et son Rapport sur les inégalités mondiales 2018 dresse un constat tout aussi préoccupant : « Lutter
contre les inégalités de revenus et de patrimoines dans le monde exige
d’importants changements de politique salariale au niveau national et mondial.
Les politiques éducatives, la gouvernance des entreprises et les politiques
salariales devront être revues dans de nombreux pays. La transparence des données
est aussi un enjeu majeur. » On ne peut qu’être affligé en constatant que
le président, malgré ses effets d’annonce, applique une politique économique en
totale opposition avec les indications de ces deux documents.
L’imposture ne pourra pourtant pas durer
éternellement, l’emploi de toutes les techniques de psychologie comportementale
du monde ne pourra jamais masquer l’insincérité et la vacuité des démarches
gouvernementales actuelles…
P.M.
P.M.